Total prêt à se lancer sur un nouveau megaprojet en Russie

Publié le 23 août 2017
Le groupe étudie de près un projet de 10 milliards de dollars, Arctique-2, lancé par son partenaire russe Novatek.

C'était une des notes glissées à Emmanuel Macron pour préparer sa rencontre avec Vladimir Poutine, au château de Versailles en mai dernier. Total veut participer à Arctique-2, le nouveau mégaprojet de gaz naturel liquéfié (GNL), dans le grand nord russe lancé par Novatek, le groupe gazier proche du Kremlin. Les deux présidents n'ont pas publiquement abordé ce dossier. Mais Total a depuis affiché sa volonté d'entrer dans le consortium. Cette ambition, clairement exprimée par son PDG, Patrick Pouyanné, dans un entretien avec la presse russe, marque la volonté de Total d'accroître son portefeuille de GNL et de renforcer sa position de trader.

Un projet plus important que Yamal

Le pétrolier français est déjà associé à Novatek, dont il détient 19%, dans l'immense usine de liquéfaction sur la péninsule de Yamal, dont le gaz contribuera pour 20-25% du portefeuille GNL du groupe français. La mise en exploitation de ce site est prévue pour la fin de l'année, avec à terme une production annuelle de 16,5 millions de tonnes. L'accord prévoit 4 millions de tonnes pour Total, actionnaire à 20% aux côtés de Novatek (50,1%) et des Chinois CNPC (20%) et du fonds Silk Road (9,9%). Arctique-2, situé sur la péninsule de Gydan dans la mer de Kara, sera plus grand (avec une production de 18 millions de tonnes par an) mais moins cher à construire. Le coût du projet est pour l'instant évalué à environ 10 milliards de dollars contre 27 milliards pour Yamal.

Un calendrier hypothétique

Novatek table sur une baisse des coûts de 30%, grâce notamment à l'assemblage des lignes de production, non pas à terre comme pour Yamal, mais dans un chantier naval de Mourmansk. Elles seraient transportées sur des barges flottantes et ensuite connectées sur place. La construction d'Arctique-2 pourrait être lancé en 2019 et la mise en exploitation commencer en 2023. A cette date, espère Total, la période de saturation du marché en GNL toucherait à sa fin et la situation de la demande redeviendrait favorable. Ce calendrier est toutefois encore hypothétique, dans l'attente d'une décision d'investissement fin 2018 - début 2019. Pour le moment, le projet reste à l'état des études préliminaires auxquelles participe TechnipFMC, déjà présent à Yamal. Dans le passé, certains projets n'ont jamais démarré, comme celui de Shotkman, dans l'Articque russe.

Un problème financier

Novatek assure qu'Arctique-2 sera construit avec des technologies russes et ne sera donc pas touché par les sanctions occidentales contre Moscou ciblant les projets d'exploitation dans l'Arctique. A priori, il est aussi en dehors du champ des mesures prises cet été sur les gazoducs par Washington. Mais cela ne résout pas le problème financier. Les sanctions financières avaient considérablement compliqué le financement de Yamal, empêchant les banques françaises d'y participer malgré une garantie de la Coface. Pour Arctique-2, Novatek aurait posé une condition à la participation de Total : la France devra s'impliquer directement dans le financement. Un point crucial qui, sans doute, dominait la note de Total transmise à l'Elysée...

Source: LesEchos.fr